Gurten bis
Caser une randonnée quotidienne dans un emploi du temps de travailleuse et maman citadine? Foi de Bärnoise, c’est possible!
Les plus fidèles d’entre vous s’en souviennent peut-être: dans une précédente chronique, j’évoquais mon affection pour le Gurten. Ce texte relatait mes virées sporadiques sur la colline bernoise, que ce soit pour y faire du sport, m’y amuser en famille, y écouter de la musique ou m’y recueillir. Dans l’intervalle, le «Hausberg» a pris une importance encore plus grande dans ma vie. Désormais, c’est quasiment au quotidien que j’y fais un tour.
Un peu de contexte pour commencer. Depuis des années, j’utilise ma pause de midi pour aller me dégourdir les jambes non loin du bureau. Une bonne demi-heure de marche d’un pas énergique, les écouteurs vissés sur les oreilles, la tête dans les nuages.
Au fil du temps et de mes explorations urbaines, ces balades se sont muées en micro-excursions. J’ai appris à dénicher – merci la fonction satellite de Google Maps! – des pépites vertes cachées, ces petits coins de nature de proximité qui montrent à quel point, en Suisse du moins, la campagne fait régulièrement des incursions en ville.
Mal chaussée
Il y a quelques mois, j’ai procédé à un déménagement professionnel. Or, mon nouveau lieu de travail se situe sur le flanc inférieur du Gurten. La première fois que je suis sortie faire ma balade de midi, je me suis sans réfléchir engagée sur le sentier pédestre grimpant dans la forêt en direction du modeste sommet.
Quinze minutes de montée plus tard, j’émergeais du couvert des arbres et me retrouvais dans une clairière verdoyante, au milieu d’un troupeau de vaches. Au loin se dessinaient les contours des Alpes bernoises. Me faisant violence pour ne pas continuer mon ascension, j’ai suivi les conseils d’un serviable panneau indicateur jaune m’invitant à emprunter un étroit chemin de terre redescendant en direction de mon bureau.
C’est seulement un peu plus bas, alors que je ne cessais de glisser sur le revêtement naturel encore légèrement humide suite aux averses de la veille, que j’ai réalisé que les Converse sans profil que je portais ce jour-là n’étaient de loin pas adaptées à un sentier aussi escarpé. De retour à l’intérieur, j’ai retiré mes sneakers boueuses sous le regard amusé de mes collègues et ai repris le boulot pieds nus.
Le rat des villes et le rat des montagnes
Depuis, j’emporte systématiquement une paire de chaussures de randonnée lorsque je pars travailler. Certes, elles détonnent avec ma tenue de ville. Mais cette faute de goût est largement compensée par le confort, la stabilité et surtout l’imperméabilité offerts.
Un jour, en raison d’une météo particulièrement estivale, j’ai néanmoins décidé de faire l’impasse sur un équipement ad hoc. C’est donc en robe légère et Birkenstock que je suis partie à l’assaut du Gurten.
Alors que j’étais en train de papoter avec l’une des vaches de la clairière, un groupe de randonneurs seniors est passé à côté de moi sur le chemin pédestre. T-shirts techniques, sacs à dos ultra-légers, bâtons: ils n’auraient pas détonné dans une pub pour une marque outdoor.
Après m’avoir saluée comme il se doit en «montagne» – quelques centaines de mètres plus bas, en ville, ils ne m’auraient probablement pas adressé la parole – ils se sont éloignés d’un pas alerte, non sans se retourner de temps à autre pour me jeter des coups d’oeil surpris.
Cela m’a rappelé les quelques fois où, après une longue randonnée en altitude, je me suis attablée à la terrasse d’un bistro de mon quartier pour déguster une bière bien méritée avant de rentrer prendre ma douche. Et où j’ai essuyé le même genre de regards étonnés de la part d’une clientèle principalement composée de jeunes gens branchés semblant tout droit sortis d’un magazine lifestyle. Pour le décloisonnement, il faudra repasser…
À écouter en montant sur le Gurten: A child in its water (Omni Selassi)
Bärn Beach
Inspiration – Gleis 49/#6
Laubbläser ausrotten? – Askforce-Selection #80
Heilige Pause!
Bern in Bildern
«Man kann jedem Objekt Leben einhauchen und eine Geschichte erzählen»
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