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Digital intox

Vouloir à tout prix allier travail, mouvement et air montagnard? Une fausse bonne idée, comme l’a appris Patricia Michaud à ses dépens sur le Harder Kulm.

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Têtue, la Bärnoise gravit la pente raide en vêtements de ville. Après dix minutes, elle est en nage. (Bild: Silja Elsener)

Si je tenais une «bucket list» des lieux bernois à ne surtout pas visiter l’été ou durant le week-end, le Harder Kulm y figurerait en bonne place. La vue à couper le souffle qu’offre cet endroit est à la fois son meilleur atout et son pire défaut: dans notre pays, peu de sites naturels comptent une densité aussi élevée de visiteuses et visiteurs. Il faut dire que sa situation géographique - pile au-dessus d’Interlaken – et son accessibilité en funiculaire le rendent particulièrement attractif pour une virée express.

Et pourtant, ce jour-là, c’est bien la destination «Harder Kulm» que je suis en train de suivre sur les panneaux jaunes flanquant le sentier pédestre recouvert de feuilles mortes. A ma décharge, je précise qu’on n’est ni en été – mais à la mi-novembre – ni en fin de semaine. Et que c’est une copine ayant grandi dans la région qui m’a soufflé l’idée de monter là-haut.

La veille, je l’avais contactée pour lui demander si elle pouvait me conseiller un café sympa dans lequel télétravailler à Interlaken, où je devais me rendre pour des raisons familiales. Elle m’avait alors envoyé une photo du panorama grandiose s’étalant sous les yeux des clientes et clients du restaurant perché là-haut, à 1321 mètres d’altitude. Un clin d’œil sous forme d’émoji accompagnait son message.

Un étendage improvisé

Le jour J, la météo s’annonce radieuse. L’occasion idéale de combiner boulot et exercice, me dis-je en transvasant mon ordinateur portable de la sacoche en cuir que je trimballe au quotidien à un sac à dos de sport. Plutôt que mes habituelles sneakers, j’opte pour une paire de chaussures de randonnée légères. Après un instant d’hésitation, je décide par contre de revêtir mes vêtements du quotidien - jeans larges, t-shirt en coton et pull à capuche molletonné - plutôt que des habits fonctionnels. Après tout, je pars travailler.

Dix minutes après avoir commencé à m’élever à pied au-dessus d’Interlaken Ost, je regrette déjà mon choix vestimentaire. Ayant opté pour une montée au pas de charge dans la forêt – après tout, je dois travailler -, je suis en nage. Faut-il le préciser, je n’ai pas eu la présence d’esprit d’emporter un t-shirt de rechange, ce que je fais systématiquement lorsque je pars randonner.

Lorsque j’émerge sur le Harder Kulm en milieu de matinée, le soleil est déjà haut dans le ciel. Les rayons cognent d’ailleurs tellement fort sur le promontoire rocheux que je peine à croire qu’on est en plein automne. Slalomant entre des touristes montés en funiculaire pour faire des selfies avec le lac de Thoune en toile de fond, je m’éloigne du restaurant. En cherchant bien, je déniche un banc un peu à l’écart, face au soleil. J’ôte alors toutes les couches de tissu détrempées qui me collent à la peau et les étends autour de moi. Puis je dégaine mon ordinateur portable. Après tout, je suis venue travailler.

Valeur ajoutée zéro

Je passe la demi-heure suivante à pianoter sur le clavier en clignant des yeux, éblouie par l’astre du jour. Alors que j’avais prévu de terminer la rédaction d’un article scientifique, je réalise que ce programme n’est pas réaliste. Toutes les 5 minutes, mon regard est magnétiquement attiré par l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau, plantés juste en face de moi. Les trois complices minéraux semblent avoir passé un accord tacite prévoyant de me déconcentrer.

Changeant de stratégie, je me connecte à Internet – en créant un «hotspot» avec mon smartphone – et entreprends des recherches préliminaires en vue de l’interview d’une personnalité politique. Les rayons du soleil se faisant de plus en plus intenses, je dois sans cesse réajuster l’écran afin de pouvoir déchiffrer les informations qui défilent devant moi. Un coup d’œil aux niveaux de batterie de mon ordinateur et de mon téléphone m’apprend par ailleurs que les deux appareils sont en train de se décharger à une vitesse inquiétante. Après tout, je suis censée travailler.

A contrecœur, je remballe mon matériel électronique, enfile mon t-shirt et mon pull encore légèrement humides, et me dirige vers le restaurant. La terrasse de l’établissement est pleine de touristes et le personnel court dans tous les sens, caquelons à fondue et assiettes de röstis dans les mains. A l’intérieur par contre, seules quelques tables sont occupées, la plupart par des familles asiatiques au teint irréprochablement pâle.

Ici au moins, je pourrai travailler tranquille. Après avoir commandé un café et déniché deux prises électriques, je me remets au boulot, en l’occurrence répondre à mon courrier électronique. A ce stade, j’ai jeté l’éponge: il ne faut pas espérer fournir un quelconque travail à valeur ajoutée ce jour-là.

Patricia Michaud
A propos de Patricia Michaud

Patricia Michaud est une journaliste freelance suisse romande. Depuis plus de quinze ans, elle habite et travaille à Berne. Durant cette deuxième année de publication, la chronique «Bärnoise» se met au vert. Le temps d’explorer la nature de proximité.

L’art du repos

Une heure, une dizaine de courriels et quelques allers-retours sur la terrasse pour admirer la vue plus tard, me revoilà en train de paqueter mes affaires puis de m’engager sur le chemin pédestre redescendant en plaine. Un peu plus bas, dans la paisible forêt du Bleikiwald, le contraste avec le Harder Kulm est saisissant. Je ne croise qu’une poignée de personnes, qui me gratifient toutes d’un «grüessech» énergique. Contrairement à moi, elles portent des vêtements de randonnée et ont l’air épanoui de celles et ceux qui savourent un jour de repos mérité dans la nature.

Le lendemain, de retour au bureau, je commence ma journée par un bilan du travail accompli la veille. Et dois me rendre à l’évidence: il n’est pas glorieux, ce bilan. La prochaine fois, n’aurai-je pas avantage à m’offrir un jour de congé, à troquer mon ordinateur portable contre un bon bouquin, à enfiler des vêtements respirants et à gravir une montagne dénuée de funiculaire, de restaurant, de touristes et de prises électriques? Gageons que mon boulot des jours suivants s’en trouverait dopé. Après tout, il faut bien travailler…

À écouter en redescendant dans le Bleikiwald: Wanna Dive (Glaascats)

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