Green and the City

Lorsqu’on vit à Berne, la nature n’est jamais très loin. Et si c’est encore trop loin? Suivez les conseils de la Bärnoise!

2025_HS_Bärnoise_grün_1
«Birebäumele», une activité quotidienne aussi ressourçante que conviviale. (Bild: Silja Elsener)

«La proximité avec la nature!» Tel est l’un des avantages de la vie à Berne les plus souvent évoqués par les personnes récemment installées dans la capitale fédérale. De fait, il suffit généralement de marcher 30 minutes ou d’en pédaler 10 depuis la ville pour atteindre une zone de verdure digne de ce nom.

Le hic? Lorsqu’on jongle au quotidien entre boulot et famille, entre cours de yoga et leçons de peinture, entre réunions de la commission de quartier et cafés entre copines, pas toujours si facile que ça de le dégager, ce temps pour aller faire un bain de forêt ou une balade ou bord de l’Aar. Un peu à l’image du cinéma, du théâtre ou des salles de concerts, dont les citadin⸱e⸱s se contentent souvent de déguster le programme, la nature de proximité, on en profite davantage dans sa tête que dans la réalité.

Verdure sans prétention

Il y a quelques années, j’ai découvert dans un ouvrage consacré à la méditation de pleine conscience un conseil qui m’a permis de m’affranchir de la frustration liée au fait de ne pas suffisamment partir explorer la campagne ou les collines bernoises. Attention, si vous vous attendez à un effet «waouh», vous allez être déçu⸱e⸱s, car il s’agit d’un tuyau tout simple: dénicher un bout de verdure sans prétention – mais rempli de bonnes ondes - juste à côté de chez soi, où l’on peut aller se ressourcer et se recueillir aussi souvent que nécessaire.

Mon lieu d’énergie à moi s’est imposé de lui-même, sous la forme d’un arbre planté en bordure d’un escalier situé dans le quartier de Schönau, dans lequel je travaille. Lors de ma promenade digestive quotidienne, j’emprunte systématiquement à la descente cet escalier, qui offre une chouette vue sur le Münster et le Bantiger, tout en laissant deviner l’Aar en contrebas. Je suis à chaque fois attirée de façon quasi magnétique par un poirier. Il est malheureusement séparé des marches par une clôture, ce qui m’empêche de poser mes mains sur son tronc. J’ai néanmoins pris l’habitude de m’arrêter un instant sous ses branches tendues au-dessus de la barrière, telles un avant-toit protecteur.

Constatant que ces micro-pauses à l’abri du feuillage avaient un effet à la fois apaisant et dynamisant, j’ai commencé à venir consulter mon ami végétal de plus en plus souvent. Que ce soit debout au soleil face au poirier ou assise sur une marche à l’ombre de ses bras noueux, je dépose en ce lieu mon stress, mes doutes et mes soucis quotidiens. C’est là aussi, tout près de cet arbre, que je passe des coups de fil importants ou fête mes modestes victoires. Je ne vous cache pas que de nombreuses larmes y ont été versées, de joie comme de peine.

Ces petites escapades ressourçantes méritaient un nom. Bien qu’amusant, le verbe français «poireauter» me semblait peu adapté; j’ai donc décidé d’appeler le fait de rendre visite à mon compagnon d’(in)fortune «birebäumele». Dans la foulée, j’ai commencé à inviter ponctuellement l’un⸱e ou l’autre collègue à venir s’installer avec moi sous l’arbre, nos tasses de café posées à même les marches. En ont généralement découlé des discussions aussi intenses que profondes. «Wei mir ga birebäumele?» est d’ailleurs devenu le code utilisé par l’une de mes copines de bureau pour me signifier qu’elle a envie de se confier à moi.

Alimentation de proximité

A force de côtoyer ce feuillu, j’ai fini par bien connaître ses cycles. Chaque été, j’observe ainsi avec émerveillement les petites boules vitaminées qui se forment sur ses branches et qui, au fil des semaines, croissent jusqu’à devenir des fruits luisants. Chaque automne, c’est avec un pincement au cœur que je me contente de croquer avec les yeux ces poires qui paraissent tellement juteuses. Pour une raison que j’ignore, elles s’obstinent à pousser sur la partie de l’arbre située en deçà de la clôture, me les rendant inaccessibles.

L’an dernier, frustrée d’avoir une fois de plus été privée du fruit défendu, j’ai élaboré un plan: la prochaine fois que «mon» arbre se parera de poires appétissantes, j’accrocherai un petit mot sur la barrière, priant le ou la propriétaire d’en déposer quelques-unes dans la boîte à lait de mon bureau. J’en ferai alors une tarte, que je viendrai déguster sur l’escalier avec mes collègues. Voilà un autre avantage de la vie à Berne: l’alimentation de proximité!

À écouter en «birebäumelant»: Plastiq (Harvey Rushmore & the Octopus)

A propos de Patricia Michaud:

Patricia Michaud est une journaliste freelance suisse romande. Depuis plus de quinze ans, elle habite et travaille à Berne. Durant cette deuxième année de publication, la chronique «Bärnoise» se met au vert. Le temps d’explorer la nature de proximité.

tracking pixel

Das könnte dich auch interessieren

Diskussion

Unsere Etikette
Marc Roethlisberger
16. März 2025 um 19:12

Merci Patricia pour tes articles qui me font sentir aussi bernois. 😊

Barbora Neversil
13. März 2025 um 07:39

Wunderbar, vielen Dank für diesen tollen und persönlichen Artikel!